pas, Un vieillard vint à notre rencontre, mit la main sur le cou de ma monture, et me demanda :
« Seigneur, qui es-tu ?
— Un envoyé de votre cheikh, Zédar ben Houli.
— Le cheikh !… Et de quelle commission t’a-t-il chargé ?
— Je vous la communiquerai quand toute la tribu sera rassemblée pour l’entendre. Combien de guerriers sont restés au camp ?
— Quinze jeunes hommes. Mais Adjéma vous a vus, elle va les appeler tous.
— Bien, je descends de cheval et les attends ici. Toi, Halef, continue ton chemin, examine, puis retourne vers les nôtres.
— Que ton compagnon s’arrête avec toi ; vous boirez et mangerez ensemble, dit le vieillard.
— Il n’est pas fatigué, il n’a ni faim ni soif ; laisse-le partir. Où sont vos jeunes hommes ?
— Là-bas, dans l’île. »
Encore cette île, pensai-je ; décidément c’est leur fort retranché. Je repris aussitôt :
« Que font-ils là ?
— Ils… » Mon interlocuteur hésitait visiblement. « Ils… gardent les troupeaux.
— Est-elle loin, cette île ?
— Oh ! non, tout près ! Regarde : voici déjà les guerriers. »
En effet, une petite troupe abordait sur la rive et accourait vers nous ; elle était composée des plus jeunes hommes de la tribu, des enfants presque ; leurs armes consistaient en couteaux, lances ou massues ; pas un seul n’avait d’armes à feu. Celui qui paraissait conduire et commander les autres s’avança sur moi, brandissant sa massue et criant :
« Chien ! comment as-tu osé pénétrer jusqu’ici ? »
Je parai le coup avec mon fusil ; mais les autres dirigeaient leurs lances contre moi : les écartant, j’allai droit au jeune chef. J’étais encore à cheval ; mon brave coursier noir s’élança au milieu de leurs montures en renversant tous les obstacles.
« Comment ! m’écriai-je, tu reçois ainsi un hôte de ta tribu ! Enfant, il faut t’apprendre à vivre ! »
Puis, arrachant le petit chef de sa monture, je le plaçai devant ma selle ; il était mince et fluet comme une femme ; il ne comp-