ordres avec adresse ; en somme, je fus étonné de l’intelligence de ces guerriers à demi sauvages.
Le soir du même jour arrivèrent des nouvelles des Abou Mohammed, qui décidément se joignaient à nous.
Il était presque nuit lorsque je voulus faire une petite chevauchée dans les plaines avec mon noir étalon. J’étais à peu de distance du camp, lorsque je vis s’avancer vers moi deux cavaliers, dont l’un me parut d’une stature ordinaire et l’autre extrêmement petit. Ce dernier était en conversation très animée avec son compagnon ; il levait les bras et les jambes en l’air et gesticulait de tout son corps. Ce ne pouvait être que mon Halef.
J’allai au galop au-devant de lui ; du plus loin qu’il m’aperçut, le petit hadji Halef Omar me cria joyeusement :
« Mach’Allah, Sidi, est-ce vraiment toi ?
— Oui, c’est moi ! Je t’ai reconnu de là-bas. »
Halef sauta au bas de son cheval ; il vint baiser mes vêtements avec une effusion sans pareille.
« Dieu soit loué ! Sidi, je te revois ! criait-il ; j’ai soupiré après toi comme la nuit après le jour !
— Comment va le digne cheikh Malek ?
— Il va très bien.
— Et Amcha ?
— Aussi.
— Et Hanneh, ton amie ?
— Sidi, elle ressemble à une houri du paradis !
— Et les autres, et tout le monde ?
— Tous m’ont chargé de te saluer, Sidi.
— Où sont-ils ?
— Ils sont restés sur les pentes des montagnes, et m’envoient en avant pour négocier leur incorporation avec le cheikh des Chammar.
— Avec lequel ? les Chammar ont plusieurs tribus.
— N’importe ! avec le premier que je rencontrerai.
— Eh bien ! viens avec moi, je suis chez les Haddedîn. J’ai parlé de vous au cheikh Mohammed, il te recevra bien.
— En vérité, Sidi ? Tu le connais, tu es sûr de lui ?
— Regarde ce cheval, c’est un présent de Mohammed Emin.
— Seigneur, j’ai déjà admiré l’animal ; il descend certainement d’une cavale de Kôhéli.