de bons tireurs, qui foudroyeront l’ennemi sans aucun risque.
« La sortie sera défendue par ceux de tes hommes qui combattent au pistolet ; du reste, nos tireurs protégeront les hommes de pied. Des cavaliers seront cachés sur les flancs et sur les sommets des monts ; ils se montreront aussitôt que l’ennemi aura débouché dans la vallée ; nos alliés, venant sur ses derrières, lui couperont toute retraite.
« Si ces auxiliaires savent bien prendre leur temps, il ne s’échappera guère d’Obeïd, ni de Djouari, ni d’Abou Hammed.
— Mach’Allah ! ton discours est comme le discours du Prophète, qui a conquis le monde ! Nous suivrons ton conseil, » s’écria le cheikh ; et, se tournant vers les autres chefs, il leur demanda leur approbation, qu’ils donnèrent tacitement de la tête.
Je recommandai encore à Mohammed d’agir avec prudence, de s’assurer de la discrétion des messagers qu’il allait envoyer, etc. ; enfin tout le monde se sépara.
Mais bientôt le cheikh entra tout inquiet.
« As-tu parlé au cheikh des Abou Mohammed de la part du butin ? me dit-il.
— Non.
— Tu ne sais pas combien les Alabeïde demandent ?
— Je n’en sais rien du tout.
— Tu aurais dû t’en informer.
— Est-ce que le cheikh des Addedîn a besoin de songer au butin ?
— Mach’Allah ! qui m’indemnisera de mes pertes ?
— L’ennemi vaincu.
— Faudra-t-il le poursuivre jusque sur ses pâturages, prendre ses femmes, ses enfants, ses troupeaux ?
— Tu ne fais la guerre ni aux femmes ni aux enfants ; garde les hommes qui tomberont entre tes mains, jusqu’à ce que tu aies obtenu un dédommagement convenable ; impose un tribut annuel, et retiens quelques otages marquants. »
Le chef parut réfléchir ; je repris :
« Écoute : il est nécessaire d’être informé des moindres mouvements des confédérés ; fais donc établir une ligne d’observation d’ici à el Deradji.
— Et comment ?