« Que feras-tu de ces objets ?
— Je veux les renvoyer aux parents du mort. »
Le drôle me regarda fixement, avec une sorte de pitié, et dit :
« Tu mens, tu les garderais pour toi.
— Je ne mens pas.
— Si je refuse, que me feras-tu ?
— Rien maintenant ; mais prends garde, je te signalerai, et…
— Tu vas vers Seddada, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Si je te rends les objets du mort, tu me laisseras continuer mon chemin ? tu ne t’occuperas plus de nous ? Tu me le promets ?
— Je te le promets.
— Fais-m’en le serment.
— Un chrétien ne jure pas ; sa parole vaut un serment.
— Eh bien, prends l’arme, la boussole, la montre et le mouchoir.
— Il n’avait pas autre chose sur lui ?
— Non.
— Il avait de l’argent.
— L’argent, je le garde. »
Je ne pouvais exiger davantage.
« Garde-le, dis-je, mais donne-moi la bourse dans laquelle il est contenu.
— Tu l’auras. »
Il tira de sa ceinture une longue bourse brodée en perles d’acier, la vida et me la tendit.
« Il ne reste plus rien ?
— Non, rien.
— Va donc ! »
L’homme parut heureux de s’en tirer ainsi ; lui et son compagnon me faisaient l’effet de traîtres qu’on intimidait facilement en leur tenant tête et qui n’attaquaient que par derrière. Ils remontèrent au plus vite sur leurs chevaux.
« La paix soit avec vous ! » me cria le plus âgé en s’éloignant.
Je ne répondis pas, mais mon mépris les laissa fort indifférents. Ils eurent bientôt disparu derrière les dunes.
Halef, fatigué du long silence qu’il venait de garder, éclata :
« Sidi !