assez spacieuse et couverte en bambous ; à l’intérieur des nattes tapissaient les murailles. Lorsque nous entrâmes, un homme grand et bien bâti se leva pour nous saluer. Il s’occupait a aiguiser son charay[1] sur une pierre, mais il cessa aussitôt sa besogne.
« Salam aléïkoum ! lui dis-je.
— Aléïk ! répondit-il en m’examinant avec une sorte de défiance.
— Permets, ô cheikh, que je te présente cet homme, reprit alors mon conducteur ; c’est un guerrier trop distingué pour que j’ose lui offrir l’hospitalité dans ma propre tente.
— Celui que tu amènes sera toujours le bienvenu. »
Le jeune Arabe salua et s’éloigna ; le cheikh me prit alors la main en disant :
« Assieds-toi, étranger ; tu es fatigué, tu as faim ; tu te reposeras et tu mangeras, mais laisse-moi d’abord soigner ton cheval. »
C’était bien la politesse arabe ; le cheval d’abord, puis l’homme. Lorsqu’il rentra, je m’aperçus que mon coursier avait fait sur lui une impression des plus favorables.
« Tu possèdes une noble bête ! s’écria-t-il. Mach’Allah ! puisses-tu la conserver ! Je la connais ! »
Ce dernier mot m’effraya. Après tout, cette rencontre pouvait aussi me servir, il fallait m’assurer de la disposition de mon hôte ; je repris :
« Comment connais-tu ce cheval ?
— C’est le meilleur cheval des Haddedîn.
— Tu connais les Haddedîn ?
— Je connais tous les hommes de cette tribu ; mais toi, je ne te connais pas.
— Tu connais leur cheikh ?
— Mohammed Emin ? certainement.
— Je suis envoyé par lui.
— Et où donc ?
— Vers toi ; peut-être…
— Il t’a dit de venir me parler ?
— Non ; mais je me présente devant toi comme son messager.
- ↑ Couteau très effilé de l’Afghanistan.