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une bataille au désert


demandait n’était pas facile, mais le cheval méritait un plus grand prix encore. Je n’hésitai point.

« Combien de temps me donnes-tu pour mon information ? demandai-je.

— Le temps qu’il te faudra.

— Et quand remettras tu le cheval entre mes mains ?

— Quand tu seras de retour.

— C’est juste, je ne puis l’exiger auparavant, et pourtant sans lui je n’obtiendrai peut-être pas les renseignements que tu désires.

— Pourquoi cela ?

— Parce que tout dépend du cheval ; je ne saurais affronter le péril qu’avec une excellente monture. »

Mohammed ne répondit pas tout de suite ; son regard restait fixé sur la terre ; enfin il reprit :

« Sais-tu que dans une pareille entreprise le cheval peut facilement être perdu ?

— Je le sais, et le cavalier aussi, cheikh ; mais, monté sur une telle bête, il me semble que je défierais tout l’univers de me la prendre, comme de me prendre moi-même.

— Montes-tu bien à cheval ?

— Je monte comme vous. Un cheval des Chammar sera bientôt habitué à moi.

— Bien ; nous réfléchirons.

— Écoute, savez-vous tirer ?

— Nous tirons, sur un cheval au galop, les pigeons qui volent au-dessus des tentes.

— Prête-moi l’étalon. Tu enverras dix guerriers à mes trousses, je ne m’éloignerai pas à plus de mille longueurs de lance de ton camp. Tes guerriers tireront sur moi tant qu’il leur plaira, je parie qu’ils ne pourront ni m’atteindre ni m’arrêter.

— Tu parles en plaisantant, émir !

— Je parle sérieusement.

— Et si je te prenais au mot ?

— Tant mieux ! »

Les yeux du vieux chef brillèrent de plaisir. Tous ceux qui l’entouraient devaient être d’excellents cavaliers ; leurs gestes prouvaient qu’ils attendaient avec impatience un signe du cheikh pour tenir le pari.