— Oui, c’est une tribu traîtresse et sans foi ; je sais qu’elle s’est alliée aux Abou Salmoun et aux Taï Araber pour piller et rançonner les tribus voisines.
— Tu l’as dit. Ils sont tombés sur nous et nous ont volé plusieurs troupeaux ; mais nous les avons poursuivis, nous leur avons enlevé leur proie. Alors leur cheikh s’est plaint au gouverneur de Mossoul et l’a corrompu par des présents. Celui-ci m’a fait inviter à l’aller trouver à Mossoul accompagné des principaux guerriers de ma tribu.
« Je souffrais alors d’une blessure qui m’empêchait de me tenir à cheval, je lui ai dépêché mon fils avec quinze guerriers ; il a été assez traître pour le retenir prisonnier, ainsi que tous mes hommes. Il a envoyé ses victimes dans un pays inconnu ; malgré de nombreuses démarches, nous n’avons pu encore découvrir le lieu de leur captivité.
— Pourquoi ne pas te plaindre hautement ? pourquoi ne pas menacer ce gouverneur ?
— Je l’ai fait sans succès. Mes gens n’osent plus s’aventurer à Mossoul ; car pour nous venger nous avons tué plusieurs soldats du gouvernement, de sorte qu’on arme à présent contre nous. Le pacha excite aussi tant qu’il peut les Obeïd, les Abou Hamed, les Djouari à nous nuire, quoique ces tribus relèvent non de lui, mais de Bagdad.
— Où campent tes ennemis ?
— En ce moment ils se rassemblent pour la guerre.
— N’essayes-tu pas de t’unir aussi à quelque tribu de ta race ?
— Nous ne saurions quitter les pâturages ; il nous faudrait des alliés agissant séparément.
— Tu as raison ; vous voudriez diviser vos ennemis, puis attirer le gouverneur au désert afin de l’affamer et de le perdre.
— C’est cela même. Le pacha ne peut pas nous faire beaucoup de mal avec son armée ; mais les autres sont des Arabes, il faut les empêcher de venir sur nos pâturages.
— Combien de guerriers avez-vous ?
— Onze cents.
— Et vos adversaires ?
— Trois fois autant pour le moins.
— Combien te faut-il de temps pour réunir les hommes de ta tribu ?