Jeune encore, d’une taille élancée, l’Arabe avait un beau teint, des traits réguliers, des yeux noirs et brillants qui ne manquaient point d’expression. Ses lèvres étaient peintes en rouge, ses sourcils noircis de manière à ne former qu’une ligne au-dessus du nez ; des points noirs couvraient son nez et ses joues en guise de grains de beauté ; sur ses bras et ses pieds nus ressortaient les lignes d’un tatouage rougeâtre. La femme de Mohammed portait aux oreilles d’énormes anneaux descendant jusqu’aux épaules ; son nez était également traversé par un anneau autour duquel brillaient plusieurs pierres précieuses d’une grosseur remarquable.
Cet ornement devait être peu commode pendant les repas. Plusieurs rangées de perles de corail, de grains d’Assyrie, de pierres précieuses entouraient le cou de la noble Arabe ; ses chevilles, ses poignets, le haut de ses bras avaient pour ornements de larges cercles d’argent.
Les autres femmes, moins parées, ne manquaient pourtant point de bijoux.
« Salam ! dit le cheikh en entrant, je vous amène un guerrier de la race des Djerman, un grand saint qui vous apporte la bénédiction du Zem-Zem. »
Aussitôt toutes les femmes se prosternèrent contre terre ; la reine de la tente elle-même descendit de son piédestal et s’agenouilla pieusement. Je fis couler quelques gouttes d’eau dans le creux de sa main, puis elle en aspergea ses compagnes.
« Acceptez cette eau, avais-je dit en m’approchant de la femme du cheikh, et que Dieu le père de tous les peuples vous bénisse, ô fleurs du désert ! Qu’il vous garde en santé et en joie, que votre parfum rafraîchisse le cœur de votre seigneur et maître ! » Lorsque j’eus replacé mon flacon dans mes vêtements, les femmes se levèrent ; elles s’empressèrent de me remercier, ce qu’elles firent en me tendant la main, absolument comme des Européennes.
« Maintenant, leur dit le chef, hâtez-vous de préparer un repas digne de cet homme. Je l’ai invité, il devient mon hôte, et tout le monde doit se réjouir de l’honneur qu’il fait aujourd’hui à notre tente. »
Mohammed me reconduisit ensuite près de mes compagnons et s’éloigna pour donner des ordres à ses Bédouins.