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une bataille au désert

— Le sais-je, moi !

— Oh ! quelle agréable chose, sir !… Une aventure…, une véritable aventure ! » répétait l’Anglais, la bouche fendue jusqu’aux oreilles et riant de tout son cœur.

Lorsque le soleil se fut complètement levé, je reconnus les traces de six hommes.

« Six hommes ! remarqua Lindsay ; combien faut-il que nous soyons pour les poursuivre ?

— Deux. Les deux domestiques garderont les tentes, et on fera dire aux hommes du yacht de ne pas lever l’ancre avant notre retour. Êtes-vous bon coureur ? Préférez-vous que je prenne Bill avec moi ?

— Non ; excellent coureur… Une aventure ! »

En deux minutes mon original fut prêt ; il jeta sur son épaule ce singulier hoyau dont il ne se séparait guère plus que de son fusil, et me suivit.

Il s’agissait d’atteindre les pillards avant qu’ils eussent pu rejoindre le gros de leur troupe, car ils ne devaient point être isolés. Nous courûmes de toutes nos forces ; les longues jambes de l’Anglais dévoraient le chemin.

Nous nous trouvions dans une saison qui transformait toute cette rive en prairie ; nous allions au milieu des fleurs et des touffes d’herbes : il était aisé de suivre une trace au milieu de cette végétation. Nous fûmes ainsi conduits sur les bords du petit fleuve qui descend impétueusement de Djebel Djehennem pour rejoindre le Tigre. Aux approches de ce cours d’eau, je remarquai une grande quantité de pas d’hommes et de chevaux, puis la trace bien marquée de dix chevaux. La chose devenait claire : nos voleurs avaient retrouvé près du rivage leurs propres montures, ils s’en étaient servis pour emmener les nôtres.

« Les misérables ! grommela Lindsay, ils vont nous échapper !

— Ces gens doivent être des pillards qui guettent les vaisseaux lorsqu’ils abordent, et qui assaillent les campements de nuit. Leurs pas semblaient se diriger vers l’ouest ; d’ailleurs ils n’auraient pu faire passer le fleuve à leurs chevaux en cet endroit. Il faut suivre encore un peu la trace, puis traverser l’eau pour essayer de les suivre de l’autre côté. Êtes-vous bon nageur ?

— Oh ! yes. »

Nous fîmes de nos vêtements un énorme paquet, et nous pas-