— Oui ; il vit, sa blessure est légère.
— Nous allons le juger. »
Avant que tout fût disposé pour le repas et le conseil des chefs, il était environ midi. Pendant qu’on s’agitait, nous avions eu avec Halef une conversation très intéressante.
« Sidi, permets-moi une question.
— Parle.
— Tu te souviens, n’est-ce pas, de tout ce que tu as écrit dans le contrat de mariage ?
— Oui, vraiment.
— Dois-je donc rendre la jeune fille ?
— Oui, puisque le voyage est terminé.
— Mais il ne l’est point.
— Comment cela ?
— Est-ce que nous avons eu le temps d’accomplir toutes les cérémonies ? Le départ a été si brusque ! D’ailleurs, pour être véritablement hadji, il faut encore visiter Médine.
— C’est juste. Et Hanneh, qu’en pense-t-elle ?
— Sidi, elle m’aime, crois-le ; elle me l’a dit.
— Ah !
— Sidi, n’est-il pas écrit que Dieu, pour créer la femme, prit à Adam la côte sous laquelle battait son cœur, afin que l’homme s’attachât à sa femme et l’aimât ? J’aime aussi Hanneh.
— Mais le cheikh, quel sera son avis là-dessus, Halef ?
— Oh ! cela ne m’inquiète pas, Sidi ; il ne demandera pas mieux que de me la donner tout à fait.
— Et moi, Halef, tu ne me consultes pas ?
— Toi ! Pourquoi ne me permettrais-tu point de prendre une femme, si je reste avec toi tant que tu voudras me garder ?
— Pouvons-nous emmener ta femme par le monde avec nous, Halef ? Y songes-tu ?
— Sidi, je la laisserai dans sa tribu jusqu’à ce que lu aies fini ton voyage.
— Halef, ce serait un sacrifice que je n’accepterai jamais. Enfin, puisque vous êtes d’accord, fais ton possible pour la garder ; mais je ne saurais être de ton avis, je crains que le cheikh ne te la refuse.
— Sidi, je ne la rendrai point, quand je devrais fuir avec elle. Elle sait qui je suis, elle me suivrait au bout du monde. »