— Et toi, comment es-tu ici ?
— Sidi, je me suis hâté.
— Je le vois bien ; explique-toi !
— Tu sais, Effendi, que j’avais de l’argent ; j’ai voulu acheter un chameau, je me suis rendu chez le marchand avec Hanneh, Tandis que nous examinions les animaux et que j’admirais celui-ci, qui est digne d’un pacha ou d’un émir, il s’éleva un grand bruit. Nous nous élançâmes dans la rue. On nous dit qu’un giaour venait de profaner le temple et qu’on le poursuivait. Je pensai aussitôt à toi, Sidi : d’ailleurs je t’aperçus qui fuyais.
« Tout le monde se pressa dans la cour du marchand ; on s’empara de ses bêtes pour te donner la chasse. Je fis comme les autres ; je me saisis de ce hedjn, en recommandant à Hanneh de retourner tout de suite au camp et d’avertir le cheikh. Je jetai au marchand tout l’argent qu’il voulut, puis je courus après toi.
« Beaucoup de gens m’accompagnaient ; mais leurs montures étaient fatiguées, ils sont restés en arrière. Cependant quelques-uns te suivent encore ; dépêchons-nous, Sidi ! »
Nous liâmes le blessé sur le chameau libre ; il continuait à ne donner aucun signe de vie.
« Où allons-nous ? demanda Halef avec inquiétude.
— Je connais un abri sûr, reprit l’Ateïbeh.
— La caverne d’Alafrah ?
— Oui, Hanneh te l’a montrée en passant ? Cette caverne n’est connue que de nos gens. »
Nous prîmes vers le sud, en pressant nos montures. Halef ne m’épargnait point les reproches, malgré la gravité de la situation.
« Sidi, je te l’avais bien dit, nul infidèle ne doit pénétrer dans la ville sainte, Un peu plus tu y laissais la vie !
— Pourquoi n’as-tu pas voulu me rapporter de l’eau du zem-zem ?
— Parce que cela est défendu.
— J’ai donc été chercher moi-même l’eau sacrée.
— Tu as puisé à la fontaine sainte, Sidi ?
— Regarde ; n’est-ce pas une bouteille de l’eau merveilleuse du zem-zem ?
— Allah Kerim ! Dieu t’a permis de faire ce qu’un hadji seul