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les pirates de la mer rouge

Je me disposais à écrire sur mes genoux, lorsqu’un homme de l’assistance se leva et interrogea Halef, Celui-ci défila fièrement tous ses noms et qualités.

« De quel pays es-tu ? » continua l’interrogateur, un parent sans doute de la fiancée.

« Je suis né au delà du grand désert, là-bas, où se couche le soleil du Sahara.

— Ta race ?

— Le père de mon père (que tous deux soient bénis d’Allah !) habitait, avec les tribus fameuses des Oulad Sélim et des Oulad hou Séba, le grand djebel Chour-Choum. »

L’interrogateur, se tournant alors vers le cheikh, lui adressa la harangue suivante :

« Nous savons tous, ô brave, ô vaillant, ô sage, ô juste, quelles sont tes vertus ! Tu es le hadji Malek Iffandi, ibn Ahmed Khadid al Tini, ben Aboul Ali el Besami, Abou Khebab Abdolatif el Hanifi, cheikh de la vaillante tribu des Beni Ateïbeh. Tu vois ici cet homme, qui est un héros de la race des Oulad Selim et des Oulad bou Séba, habitant la montagne dont le sommet touche le ciel, le djebel Chour-Choum ! Il porte le nom de Halef Omar, ben hadji Aboul Abbas, ibn hadji Daoud al Gossarah ; il est l’ami d’un grand effendi du Frankistan ; que nous avons reçu sous notre tente. Tu as une fille, son nom est Hanneh ; ses cheveux sont comme la soie, sa peau ressemble à l’huile de senteur, ses vertus sont pures et brillantes comme les flocons de la neige qui tombe sur les montagnes. Halef Omar la demande pour femme. Dis là-dessus, ô cheikh, ce que tu as à dire. »

Le vieux chef feignit de méditer profondément ; puis il répondit :

« Tu as parlé, mon fils ; assieds-toi pour écouter aussi mon discours. Ce Halef Omar, ben hadji Aboul Abbas, ibn hadji Daoud al Gossarah, est un héros dont la réputation a volé jusqu’à nous depuis longtemps ; son bras est invincible, sa course surpasse en vitesse celle de la gazelle ; ses yeux ont le regard de l’aigle ; il lance le djerid à plus de cent pas, sa balle atteint toujours le but, son sabre a déjà bu le sang d’une foule d’ennemis ; de plus il est expert dans la lecture du Coran, il surpasse les plus prudents au conseil. Enfin il possède l’amitié de ce puissant bey des Francs ; pourquoi lui refuserais-je ma fille, s’il est prêt à remplir mes conditions ?