hedjin. Là, ce brun ! et puis ce gris dans le coin, et cet autre brun par ici, autrement je prends mon fouet et… »
Un Arabe eût déjà saisi son couteau pour me menacer ; mais cet homme était Turc, il obéissait sans objection, et nous montâmes bientôt trois magnifiques bêtes avec des selles fort confortables. Halef nous accompagnait ; il aida Àlbani à se hisser sur son chameau.
« Maintenant, criai-je à mon compagnon, faites attention : vous allez être soulevé tantôt en avant, tantôt en arrière. Ayez soin de faire en même temps le mouvement contraire, car cette secousse brise les membres.
— Je vais essayer. »
A peine le chameau se fut-il relevé, qu’Albani faillit tomber en arrière ; il s’accrocha de toutes ses forces ; mais, un second mouvement le portant en avant, il perdit l’équilibre et fît une chute sur le sable de la cour.
« Ah ! diable ! ce n’est pas commode ! murmurait le malheureux cavalier en se frottant les épaules ; mais j’en viendrai à bout. Faites remettre la bête sur ses genoux.
— Rrrré ! » cria le chamelier.
Le docile animal s’accroupit de nouveau, et le brave Albani prit position sur la selle. Je voulus donner encore une leçon à notre Turc.
« Dévédji (chamelier), sais-tu monter un chameau ? lui criai-je.
— Oui, seigneur.
— Sais-tu le diriger ?
— Oui.
— Non, tu ne sais pas ! tu ne nous a point donné de matraque (bâton).
— Pardonne, seigneur. »
Sur un signe du loueur de chameaux, on nous apporta les bâtons courts qui servent à conduire et à animer la bête.
Nous ne faisions vraiment pas trop mauvaise figure sur nos chameaux couverts de housses brodées et pomponnées. Nous avançâmes ainsi majestueusement à travers la ville.
« Qù allons-nous ? dit Albani.
— Où vous voudrez.
— Prenons la porte de Médine. »
Les passants nous regardaient avec curiosité ; le costume de