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les pirates de la mer rouge


un de ses ânes et partit. J’entrai avec Halef dans la maison. Le noir qui servait de portier nous conduisit au fond du jardin, où se trouvait le maître de céans. J’exposai tout de suite l’objet de ma visite ; Tamarou nous ramena à l’intérieur de la maison, où il nous montra une suite de pièces absolument vides.

J’en louai deux pour une semaine. Le prix me parut un peu élevé, mais je ne voulais pas marchander. Je me fis inscrire sous le nom que Halef m’avait forgé, et qui décidément me servait beaucoup dans ce pays.

Dans l’après-midi, je sortis pour voir la ville.

Djeddah est une belle et riche cité dont le nom signifie rivage, littoral.

Elle est entourée de murs de trois côtés ; des tours et des fossés protègent ses remparts. Du côté de la mer, un fort, armé de plusieurs batteries, défend l’entrée du port. Ces murs sont percés de trois portes : Bab-el-Medina, Bab-el-Yémen et Bab-el-Mekza, la plus belle de toutes, car elle a deux tours, et son sommet est orné de charmantes arabesques sculptées dans la pierre. La cité se divise en deux parties : l’une est syrienne, l’autre arabe. Elle a des rues assez larges, pas trop malpropres, et beaucoup de places fort belles. Je fus surpris, en m’avançant dans les rues, de rencontrer un aussi grand nombre de maisons avec des fenêtres extérieures et plusieurs étages, toutes bien bâties et d’un aspect agréable, dû à leurs balcons, à leurs portes sculptées, à leurs perrons gracieux.

Un bazar considérable est construit au bord du rivage ; beaucoup de rues y aboutissent. Là se rencontrent les races les plus diverses : Arabes, Bédouins, Tallatahs, marchands de Bassora, de Bagdad, de Mascate, etc. ; Égyptiens, Nubiens, Abyssiniens, Turcs, Syriens, Grecs, Tunisiens, Juifs, Indiens, etc. etc., tous portant leur costume national ; on voit même quelquefois, sur ce marché, des Européens en petite veste.

En dehors des murs de la ville, comme dans toutes les places commerçantes de l’Orient, s’entassent les huttes et les tentes de ceux auxquels leurs moyens ne permettent pas d’habiter la cité.

Non loin d’une caserne qui se trouve du côté de la porte de Médine s’étend le cimetière, où l’on montre le tombeau de notre première mère. Cet édifice mesure a peu près soixante mètres et contient une petite mosquée.