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les pirates de la mer rouge

— Giaour, à genoux, ou je te coupe la tête. » Il tenait la poignée de son grand sabre recourbé et fit quelques pas vers moi.

« Tu n’es pas Abou Seïf, lui dis-je, tu es le bourreau !

— Je suis Abou Seïf ; retiens mes paroles : tu vas t’agenouiller devant moi, ou ta tête tombera devant tes pieds.

— Korkadji (lâche) !

— Lâche ! Que murmures-tu entre tes dents ? tu m’as appelé lâche ?

— Pourquoi as-tu assailli le sambouk pendant la nuit ? pourquoi y as-tu envoyé des espions déguisés ? pourquoi menaces-tu un étranger isolé, tandis que tu es entouré de tes hommes ? Si nous étions seul à seul, alors je pourrais croire à ta vaillance et la mesurer.

— Dix hommes de ton espèce ne me feraient pas peur, giaour !

— On parle beaucoup quand on n’agit pas.

— Quand on n’agit pas ! Place dix hommes devant moi, il ne me faudra qu’un moment pour te convaincre de la force de ma lame.

— Il n’y a pas besoin de dix hommes pour cela, un seul suffit.

— Veux-tu que je commence avec toi ?

— Bah ! tu ne te battrais pas avec un prisonnier ?

— Pourquoi pas ?

— Tu as peur de moi, Abou Seïf ! Tu exécutes les gens avec la bouche, mais non avec l’épée. »

Je cherchais à l’exciter et n’y réussis point, à ma grande surprise ; il dissimula sa colère sous une apparence de calme, prit tranquillement le sabre qui pendait à la ceinture de son voisin, et me le tendit en disant :

« Défends-toi ! mais sache que, quand tu aurais l’agilité d’Afram et la force de Kelab, tu n’échapperais pas à mon bras ; au troisième coup tu seras un homme mort ! »

Je saisis le sabre. La situation était singulière. Je supposais certainement à Abou Seïf de l’adresse et de la vigueur dans le maniement des armes, mais je savais que les Orientaux sont aussi mauvais bretteurs que mauvais tireurs ; je me sentais toutefois assez mal à l’aise avec ces larges sabres, auxquels nos minces épées ne ressemblent guère. Cependant il y allait de mon sort, il fallait en imposer au forban ; le danger me donna une hardiesse que je n’aurais pas eue sans doute dans un autre moment.

Tous les hommes de l’équipage nous regardaient ; ils semblaient