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sur les bords du nil


j’avais attenté aux jours de Khalid ben Mustapha sur le sandal qu’il dirigeait.

Le Zablié-bey jeta sur moi un foudroyant regard en commençant mon interrogatoire :

« Giaour, quel est ton nom ?

— Kara ben Nemsi.

— Le nom de ta patrie ?

— Djermanistan.

— Où gît cette poignée de terre ?

— Poignée de terre ! Bimbachi, voilà un mot qui prouve ton ignorance.

— Chien ! que veux-tu dire ?

— Le Djermanistan est un grand pays qui compte dix fois plus d’habitants que l’Egypte. Donc tu es un mauvais géographe ; de plus, tu te laisses berner par Abrahim Mamour.

— Ose continuer sur ce ton, giaour, et je te fais clouer par les oreilles à la muraille.

— Eh bien ! oui, je l’ose. Abrahim te dit qu’il a été gouverneur de la province d’En-Nassar. Or le titre de Mamour n’existe qu’en Egypte !

— En-Nassar n’est point en Egypte, dis-tu, giaour ? Mais je connais ce lieu, j’y suis allé, je connais Abrahim Mamour comme mon frère, comme moi-même !

— Tu mens !

— Liez-le ! cria l’officier de police.

— Bimbachi, je brûle la cervelle à qui me touche ; tu mens, je le répète. En-Nassar est une très petite oasis située entre Homrh et Tighert, dans la province de Tripoli. Il n’y a là aucun Mamour, mais un pauvre cheikh qui se nomme en ce moment Mamra ibn Alef-Abouzin ; je le connais parfaitement. Ne jouons pas une plus longue comédie ; laisse-moi t’aider à dépêcher l’affaire. Comment oses-tu rendre tant d’honneur à cet homme et faire asseoir près de toi celui qui devrait être à la place des accusés ! Le crime dont tu me charges, c’est cet homme qui l’a commis.

— Explique-toi, giaour !

— D’abord, je te préviens que j’ai un sauf-conduit du vice-roi d’Egypte et que mon compagnon possède le bouyouroultou du Grand Seigneur ; il est même citoyen d’Istamboul.

— Montrez-moi vos papiers ! »