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MOMENT DE VERTIGE

du retour en tram aux heures de la foule… mais je n’y resterai pas éternellement !

— Marthe ! Marthe ! Que je voudrais pouvoir vous soustraire à tout cela ! dit Noël, avec une émotion intense dans la voix.

— Cher ami ! dis-je en me rapprochant de son fauteuil, émue de le voir si sympathique, je surmonterai ces répugnances… sauf à vous, je ne les ai dites à personne ! D’ailleurs… ce ne sera pas pour longtemps… j’attends mon millionnaire !

— Ah oui, c’est vrai ! Celui qui doit vous donner le luxe, les toilettes, les voyages et pas de journées identiques et monotones !

— Vous vous rappelez ça ? Eh bien, oui. Je l’attends celui-là !

— Marthe, dit Noël sérieusement, en m’entourant de son bras, vous savez ce que vous êtes pour moi… Si je réussis là-bas et qu’au retour je puis me faire une clientèle… ne pourriez-vous pas m’aimer un peu ?

— Je vous aime plus qu’un peu, Noël, ai-je répondu ; vous êtes l’ami de toujours, le grand frère… mais…

— Mais celui qu’on n’épouse pas !

— Celui qui ne se remplace pas, plutôt, dis-je en me dégageant. Quelque jour, vous épouserez une charmante fille que vous aimerez et la pitié n’entrera pour rien alors dans votre sentiment ! J’ai eu un peu d’amertume en disant ceci… aussi