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MOMENT DE VERTIGE

Pendant une quinzaine de jours elle prenait en dictée les lettres de ce monsieur Sicotte, puis on l’installa chez le patron, où, depuis lors, elle faisait l’office de sténographe spéciale, avec un petit recoin réservé, à l’abri d’un paravent, recoin qu’on appelait pompeusement « le bureau de mademoiselle Beauvais ».

Ce pouvait être un brave homme que ce monsieur Lafleur que son talent pour les affaires et sa probité plaçaient à la tête d’une entreprise puissante et prospère, mais, sans éducation et très colère, il se montrait sans déférence aucune dans ses rapports avec son personnel. Pour lui, une jeune fille dans son bureau c’était une employée à traiter avec justice mais sans égards ; que cette employée fut une personne avec l’habitude du travail, ou une autre, de meilleure naissance, que des circonstances exceptionnelles obligeaient de prendre un emploi, peu lui importait ! Ses idées à leur égard restaient également cassantes et autoritaires… et sa manière de parler et d’agir s’en ressentait. Mais dans ses rapports avec les riches et les puissants, ses manières devenaient obséquieuses, sa voix cassante devenait suave et il affectait une bonhomie qu’on ne lui connaissait pas dans la vie journalière.

Parmi les nombreuses compagnes de bureau de Marthe, plusieurs semblaient des jeunes filles très bien élevées, d’autres plutôt communes, même un