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MOMENT DE VERTIGE

d’entrer dans un grand bureau commercial, où grâce à l’abbé Sylvestre qui connaissait le propriétaire, elle put trouver un emploi comme sténographe à raison de vingt dollars par semaine.

Ce fut alors qu’elle quitta sa grande tante et prit une chambre à la même pension que Jacques.

Tante Beauvais, comme l’appelaient ses neveux, s’attacha vite à la jeune fille et la vit partir à regret, mais elle ne pouvait la garder indéfiniment, à cause de son peu de moyens et de l’espace restreint de l’appartement qu’elle occupait. Marthe de son côté commençait à aimer cette vieille parente, véritable grande dame d’idées et de manières, pleine d’esprit et très au courant des choses du jour, quoique vivant retirée du monde. Elle aimait la jeunesse et se montrait très indulgente à son égard.

Les débuts de Marthe comme sténographe dans le grand « Laboratoire Chimique Lafleur » ne furent pas sans froissements. Elle se rappelait son arrivée, munie d’une lettre du « patron » à l’abbé Sylvestre, consentant à l’engager ; son attente dans l’antichambre où des gens affairés allaient et venaient et semblaient la dévisager sans merci ; son entrée dans le bureau du chef, sa lettre à la main, puis sa première impression de monsieur Lafleur.

Elle vit un homme d’âge moyen, assis à un pupitre couvert de paperasses et feuilletant rapidement une liasse de documents. La tête chauve, le