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MOMENT DE VERTIGE

— J’ai pensé à quelque chose, dit Jacques. Crois-tu, Marthe que le père d’Irène St-Georges pourrait me faire placer dans une banque ? Je suis assez fort en chiffres… il me semble que je pourrais me tirer d’affaires dans cette ligne là.

— C’est possible, dit Marthe, Irène semble si sincère, si affectueuse pour moi mais tu es bien jeune !

— Il va falloir s’en aller, dit Jacques, vendre la maison… Et Nini que deviendra-t-elle ?

Celle-ci arrivait justement apportant du thé et des tartines aux pauvres enfants désolés.

— Écoute, Nini, dit Marthe, mets ton plateau sur la table et assieds-toi près de nous ; nous avons à te parler. Depuis plus de vingt-cinq ans que tu es dans la maison, tu n’es pas une étrangère ! Nous te parlons, comme on parle en famille ! Nini, nous sommes pauvres, ruinés ! Jacques va chercher à se placer dans un bureau et moi aussi !

— C’est-y possible ? Seigneur du bon Dieu ! Et l’docteur l’ pauv’ cher homme, qui soignait depuis si longtemps, et madame, qui laissait rien gaspiller !

— Pauvres parents, ce n’est pas leur faute ! Notre éducation a été coûteuse, la vie est devenue si chère… et ils n’ont jamais été riches ! dit Jacques.

— Et ils sont partis si subitement, dit Marthe, dont les larmes recommencèrent à couler.