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MOMENT DE VERTIGE

gnit doucement, sans agonie, les yeux fixés sur le crucifix que tenait le prêtre.

Marthe ne put jamais se rappeler exactement les détails des jours qui suivirent. Le docteur Beauvais ne laissait pas de proches parents ; une tante, sœur de son père, retirée à Montréal dans une communauté où l’on prenait des dames pensionnaires, fut la seule à qui l’on envoya une dépêche. Quelques dames du village, vinrent offrir leurs services et leur sympathie, mais Marthe ne voulut voir personne. Elle se sentait en proie aux angoisses d’un affreux cauchemar… Jacques paraissait avoir tout-à-coup vieilli !… Être devenu un homme du jour au lendemain !

Noël et lui s’occupèrent de tous les pénibles détails ; il restait encore les questions matérielles à régler, et le notaire arrivait justement.

Dans la bibliothèque de la maison endeuillée, se tenaient le frère et la sœur, tristement assis l’un près de l’autre. À l’entrée du notaire, Noël voulut se retirer, mais Jacques le retint :

— Reste, Noël, dit-il ; tu as été un frère pour nous durant ces jours affreux, sois-le jusqu’à la fin !

Marthe acquiesça d’un signe de tête et Noël s’assit auprès d’eux.

Le testament du docteur Beauvais, fait plusieurs années auparavant, laissait la jouissance de tous ses biens à sa femme et la propriété à ses