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MOMENT DE VERTIGE

— Jour du ciel, mam’zelle Marthe ! vous v’la encore plus belle qu’en premier ! C’est y a cause que vous êtes riche à c’t’heure ?

— Non, Nini, c’est parce que je suis contente ! D’ailleurs, je ne suis pas riche ! J’ai juste ce qu’il me faut !

— C’est ben assez en attendant que vous soyiez mariée ! Allez vite vous dégreyer dans la p’tite chamb’e tandis que j’vas vous arimer à souper !

— Merci, Nini, Tiens, ouvre ces paquets ! Il y a des petites douceurs pour toi la-dedans !

— Ben mé ! fit la brave fille, contente, a c’t’heure que j’sus mieux, j’vas pouvoir y faire honneur !

Après avoir soupé, Marthe se dirigea vers le cimetière ; arrivant près de la tombe de ses parents, elle aperçut Noël, qui, les bras croisés, regardait d’un air pensif les pensées fraîchement écloses auprès de la pierre tombale. Son air sérieux, presque triste frappa la jeune fille, qui arriva près de lui sans qu’il s’en soit aperçu… elle lui toucha légèrement le bras… il se retourna…

— Marthe ! Est-ce que je rêve ?

— Non, mon ami, vous êtes bien éveillé, c’est moi !

Noël tenait les deux mains de Marthe dans les siennes et la regardait avec adoration… puis, voyant qu’elle voulait s’agenouiller, il s’éloigna de quelques pas et attendit la fin de sa prière.