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MOMENT DE VERTIGE

contenait un chapelet… — Je l’ai gardé ! murmura-t-elle.

Elle ferma les yeux pour ne plus voir le regard de ses parents…

Le temps passait et cependant, elle ne voulait pas faire demander André… Vers sept heures, on frappa à la porte… Marthe tressaillit et remit vivement les photos dans la malle… le garçon de table apportait son souper !

La jeune fille ne put prendre que quelques gorgées de thé. Elle envoya à André un petit billet par le portier. « Un peu plus tard, mon ami, écrivait-elle, je suis encore si énervée… Merci du bon souper. »

Marthe savait que le train où elle se trouvait passait à Bellerive vers dix heures, mais, étant un rapide, qu’il ne s’y arrêtait pas… Elle essaya de s’installer un peu ; elle enleva son manteau et appuya sur le dossier du fauteuil sa pauvre tête brûlante… Mais elle ne pouvait rester immobile… son agitation devenait plus grande à mesure que l’heure avançait et elle songeait avec amertume à son village natal où le train passerait bientôt à toute vapeur, ce petit coin du monde où tout lui rappelait son enfance heureuse… et où elle n’oserait plus revenir ! Chose étrange, la perspective d’appartenir pour toujours à l’homme de son choix semblait n’avoir aucune prise sur l’émotion du moment… la certitude de la fortune, de la vie