Page:Maxine - Moment de vertige, 1931.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
MOMENT DE VERTIGE
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

elles, et on disait qu’il s’agirait bientôt de changer tout le personnel féminin de l’établissement.

Monsieur Lafleur, déjà irritable et nerveux, le devint davantage. Marthe s’en apercevait mais ne laissait rien voir. Certaines employées, jalouses de la mise élégante de la sténo du patron et de sa distinction si réelle, faisaient, à son passage dans le grand bureau des remarques désobligeantes, mais Marthe ne s’arrêtait pas pour répondre à ces sottises, elle se hâtait de gagner le vestiaire, puis le bureau du chef où elle avait son petit coin réservé et tranquille.

Sa lettre finie, Marthe alla déjeuner, déposa sa missive dans la boîte postale et retourna au bureau comme d’habitude.

Dans le vestiaire, une jeune fille lui dit :

— Qu’est-ce donc que vous donnez au patron pour qu’il vous garde dans son bureau et qu’il ne vous menace pas, comme nous, d’un prochain renvoi ?

Marthe, stupéfaite, ne répondit pas et une autre intervint :

— Ne cherchez pas, ma chère ; mademoiselle a toutes les faveurs… mademoiselle a été à Paris… elle a appris bien des choses… elle paie sans doute en nature !

Marthe Beauvais sentit son sang bouillir à cette insulte gratuite. Elle se contrôla, cependant et dit froidement :