Page:Maxine - Moment de vertige, 1931.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tant de choses qui se disent plus facilement et mieux qu’elles ne s’écrivent !

— Maintenant, parlez-moi à cœur ouvert… Qui sait si l’occasion reviendra d’une longue causerie… Je suis vieux, Marthe. J’ai soixante-dix ans passés et ma santé n’est pas très bonne…

— Votre apparence est bonne dit Marthe avec douceur ; il me semble que vous n’avez pas changé, tel que je me souviens de vous étant toute petite… moi, j’ai changé, n’est-ce-pas ?

— Oui, Marthe… moins cependant, je crois, que vous ne le pensez vous-même… Les circonstances vous ont rendue indépendante !

— De caractère, de manière de vivre, mais pas de fortune hélas !

— Vous ambitionnez tellement la fortune ?

— Comment ne souhaiterais-je pas d’avoir ce qui est la clef de tout dans le monde ! Parce que je n’ai pas d’argent, je suis obligée de coudoyer des gens en dehors de ma sphère ; de me soumettre à des heures de travail, que ça me convienne ou non ; de sortir par tous les temps ; de loger dans une petite pension tout juste convenable ; d’économiser sur mes plaisirs et mes repas si je veux avoir une toilette nouvelle, de subir la promiscuité du tram à l’heure de la foule parce que je ne puis pas me payer un taxi…

— Vous avez cependant fait un bien beau voyage ! dit le vieux prêtre.