Page:Maxine - Moment de vertige, 1931.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
MOMENT DE VERTIGE

grandes portes-barrières peintes en noir ; des allées assez bien entretenues, bordées de petits lots, les uns cultivés, les autres à l’abandon, quelques uns avec une croix de granit ou un monument, d’autres ornés d’une simple croix de pensées ou d’un carré de géraniums.

Dans le montant reçu pour la vente de la propriété, on put garder de quoi marquer d’une pierre tombale le lieu de repos des parents de Jacques et Marthe. Cette dernière connaissait l’endroit pour être venue y prier plusieurs fois avant son départ pour Montréal. Au tournant d’une allée, elle reconnut le petit enclos… elle lut l’inscription sur la pierre :


« Henri Beauvais de Choiseul M. D., 52 ans.

Madeleine Cartier, son épouse, 46 ans.
Août 1924

R. I. P. »


Elle se mit à genoux. Pauvres parents, se disait-elle, à travers ses larmes, pouvaient-ils la voir, la protéger ? Elle, si seule pour lutter contre la vie, contre la tentation des richesses, contre son propre cœur…

Après avoir prié, elle examina le terrain et le vit bien soigné et ratissé, et elle découvrit, près de la pierre, une gerbe de fleurs fraiches….

Quittant le cimetière, elle se rendit à l’église où elle entra. Là, son enfance se dressa devant elle. Que de fois, toute petite, elle y venait avec sa mère,