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MOMENT DE VERTIGE

sait… et dans le lointain, les collines vertes et les grands bois sombres dont la gelée allait bientôt rougir la verdure…

Personne ne l’attendait lorqu’elle descendit du train sur la plateforme de la petite gare.

— Voiture, mam’zelle ? Elle se retourna :

— Tiens, bonjour Ti-Jos ! Comme te voilà grand ! Me reconnais-tu ?

— Oui, mam’zelle Marthe. Vous avez changé à plein, vous itou !

— Tu trouves ? Quel âge as-tu maintenant ?

— J’ai seize ans, mam’zelle.

— Et tu mènes la voiture pour ton père ?

— On a un auto à c’t’heure. J’su’s chauffeur. L’père est souvent malade.

— Et ta mère, tes sœurs ?

— Sa mère est gaillarde, les grand’filles sont engagées dans les factries, mais Marie va venir s’promener ben vite.

— Vas-tu encore aux fraises, Ti-Jos ?

— Non. À c’t’heure j’ai pas l’temps, mais les p’tites y vont encore ! Ousse que vous allez, mam’zelle ?

— Chez Marcelline Lambert, tu sais où ?

— Oui, aras l’église. Alle est ben chétive qu’on dit, ajouta le jeune chauffeur en s’installant au volant.

L’auto partit. Marthe ne pouvait plus parler… elle allait passer devant la maison paternelle… La propriété vendue, il fut possible de payer la