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MOMENT DE VERTIGE

Madeleine, charmante et très distinguée, restait fort belle malgré ses quarante-six ans. Ses cheveux blonds, à peine rayés d’argent, encadraient l’oval de son visage et ses yeux gris profonds, lumineux, donnaient à sa physionomie un attrait tout spécial.

Mince, frêle… presque trop frêle… sa santé délicate donnait souvent au docteur des moments d’inquiétude. D’un caractère viril, femme de devoir et de convictions, elle se faisait cependant, très douce et aimante dans son intérieur et les siens l’adoraient.

Leurs deux enfants, toujours choyés sans avoir été trop gâtés, semblaient doués de vivacité, d’intelligence et aussi de cœur ; cependant, depuis quelque temps, ils inspiraient parfois des craintes à la tendresse vigilante de leur mère.

Les idées de la jeunesse d’après guerre s’introduisaient partout, même dans les paisibles villages de la campagne et Bellerive assez peu éloigné de Montréal, ne manqua pas d’en subir l’assaut. Marthe, durant ses années d’études au couvent du Sacré Cœur à Montréal prenait la mentalité de ses compagnes de la ville. Elle revenait aux vacances avec des idées ultra modernes, des notions nouvelles sur la vie et une grande indépendance de caractère. Jacques, qui lui aussi étudiait à Montréal, chez les jésuites, ne semblait pas disposé à prendre une carrière ordinaire, mais parlait d’aviation, de génie sous-marin, de sport profes-