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MOMENT DE VERTIGE

elle savait qu’il faisait allusion à son fils, dont elle connaissait un peu l’histoire.

— Et votre bureau, Marthe ? Est-ce que ça vous sera bien pénible de le reprendre ?

— Je ne veux pas y penser maintenant. Nous sommes à samedi ; je ne serai donc à mon poste que lundi matin… Encore trente six heures de bon temps ! Je ne songe qu’au bonheur d’embrasser mon Jacquot et de voir Irène et son bébé… Mais voici le dîner qui sonne ! Je cours rejoindre Claire !

Cette dernière soirée à bord fut délicieuse et chacun semblait vouloir la prolonger le plus longtemps possible. Quelques uns des passagers manquaient, étant arrêtés à Québec, mais la plupart restaient encore sur le paquebot.

Les poignées de main et les mots d’adieu s’échangèrent avant le coucher. Chacun irait de son côté le lendemain matin. Le bateau arrivait de bonne heure à Montréal ; les uns le quitteraient tout de suite, les autres plus tard… alors cette soirée serait vraiment celle de l’adieu !

Chacun tenait à serrer la main des deux jeunes filles si recherchées et si populaires durant la traversée, un vieil anglais à cheveux blancs, dont les yeux suivaient souvent la silhouette gracieuse de Marthe et qui parfois causait avec elle, s’approcha pour lui dire quelques mots :

— Je vous ai vue bien absorbée, tout à l’heure.