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MOMENT DE VERTIGE

— Au Mont-Royal, d’après l’avis de madame, répondit celui-ci en regardant Laure.

Après avoir pris le thé dans une de ces belles salles du Château Frontenac qui ouvrent sur la terrasse Dufferin, les touristes revinrent à leur hôtel flottant qui devait les déposer à Montréal le lendemain matin. Bientôt le paquebot repartit et continua de remonter le fleuve.

Lorsqu’on eut passé sous le merveilleux pont de Québec, chacun s’installa pour jusqu’à l’heure du dîner.

Marthe assise à l’arrière, regardait rêveusement le sillage d’écume que traçait le paquebot dans sa course. Cette longue traînée blanche qui s’enfuyait ne ressemblait-elle pas à ce voyage qu’elle venait de faire ? Voyage idéal et inespéré et dont elle garderait toujours le souvenir !

Si l’annonce du mariage d’André, avec son projet de divorce, lui causa de l’émoi, ce ne fut pas au point de gâter le bonheur de son voyage, mais cette déception suffit pour lui donner un autre aspect de la vie… cette vie, que dans sa naïveté de toute jeune fille, elle croyait si bien connaître…

— À quoi rêvez-vous, Marthe ? dit monsieur St-Georges. Voilà cinq minutes que je fume mon cigare près de vous et vous étiez tellement lointaine que vous ne m’avez pas vu du tout !

— C’est vrai, dit Marthe, je me sentais très loin… je pensais à notre beau voyage ! Si je