— Comment va maman, ce matin ?
— Euh… pas trop forte, la pauv’ chère dame… couci-couça.
— Et papa ?
— Y sont venus l’chercher dré le matin pour la mère Jean Quienne qu’est pris d’une pomonie ! Son garçon, Jean Néré a dit qu’alle ajevait pu de tousser et qu’allé avait un point de côté, et not’ monsieur s’est dépêché, à peine si y a pris le temps d’envaler une tasse de café…!
— Pauvre papa, toujours pressé ! Noël est-il venu ?
— Oui, y est installé dans l’bureau d’monsieur, l’nez dans un gros livre !
Marcelline ayant déposé son plateau sur une petite table près du lit, Marthe, tout en babillant, faisait honneur aux bonnes tartines, aux œufs frais et au café fumant.
— Que j’ai donc hâte de revoir Jacques ! dit-elle. Il nous arrivera dans dix jours, les vacances sont le vingt !
— Y doit avoir ben grandi c’t enfant ! Le v’la proche dix-huit ans à c’t’heure, un homme quoi !… Mais je bavarde pi mon ouvrage qui reste là !… Levez-vous ben vite, mam’zelle Marthe, pour prendre l’bon air !
Une bien brave fille cette Marcelline ! Native d’une petite concession de St. Jean de Bellerive, elle entra assez jeune au service du docteur