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le vendeur de paniers

vendeurs, parce qu’ils le savaient retors, malhonnête et souvent brutal. Personne ne semblait le connaître en dehors du Bonsecours ; on ignorait le lieu de sa demeure, et on ne le rencontrait pas dans les rues avoisinantes, où habitaient la plupart des petits marchands des stalles.

Le gamin ne fut nullement impressionné par les propos malfaisants du Gommeux ; il continua de vendre ses paniers sans s’occuper de son voisin. Il n’était pas du tout timide au marché, s’y sentant chez lui ; il connaissait tous les vendeurs, les appelait par leurs noms, les tutoyait, et répondait à leurs taquineries amicales avec une verve amusante.

Lorsqu’il s’en retourna, ce jour là, vers le pauvre taudis qui était son home, il avait vendu tous ses paniers et s’en allait, joyeux, sifflant un refrain populaire, son petit sac de coton bien rempli de sous et de piécettes blanches, ce qui permettrait d’acheter pour la famille, la nourriture de quelques jours. Mais il laissait au marché un ennemi sournois et vindicatif, qui songeait, déjà, à se venger de l’honnêteté gênante du petit infirme.