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LA HURONNE

en attendant le repas du midi, le Chamois était installé dehors près d’un amas de bois de chauffage, et là, tout en fumant sa longue pipe, il causait avec le petit mousse.

— Vois, petit, lui dit-il, la marmotte est sortie de son trou dans la terre, où elle dormait depuis la première neige… elle regarde son ombre au soleil… La vois-tu ? Que fait-elle maintenant ?

— Oui, je la vois, dit Marc, regardant dans la direction que lui montrait l’Indien… elle entre et sort de son trou… elle s’arrête… ah ! la voilà qui file sur la neige !…

— Alors, fit le Chamois, c’est que le printemps est vraiment arrivé !

— Pourquoi dites-vous cela ?

— C’est que si le dégel actuel était un printemps factice, la marmotte après avoir regardé son ombre, serait rentrée dans son trou pour y dormir encore une semaine ou deux…

— En France, ce sont les hirondelles qui nous reviennent au printemps, dit Marc. Je me souviens… à Brest, nous les voyions…

— Le Visage-Pâle a ses signes et l’Indien a aussi les siens, dit sentencieusement Le Chamois, mais écoute… ne dirait-on pas qu’on entend des pas ?

Marc écouta :

— Je n’entends rien ! dit-il.

L’Indien s’agenouilla et coucha son oreille sur une partie de terre où la neige avait disparu…

— Ce sont des pas lointains, dit-il qui viennent du côté de la frontière !