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I

LE PARI



IL faisait bon ce soir-là dans la grande bibliothèque du docteur Granville. En plus des chauds calorifères, un beau feu de bois flambait dans la cheminée, complétant le charme intime de cette vaste pièce tapissée de livres et meublée de grands et solides meubles de vieux noyer.

Au dehors, une violente tempête de neige battait son plein, et les autos circulaient difficilement dans cette rue peu fréquentée sur le versant du Mont-Royal, où la neige, poussée par un gros vent du nord, s’amoncelait très vite.

Le petit-fils du docteur était étendu de tout son long sur le tapis devant l’âtre, examinant curieusement la page comique d’un grand quotidien et riant aux éclats des aventures ineffables de « Ti-Lou », de « Margot » et de « Lucette et ses amis ».

La jeune Mme Granville, veuve d’un officier de la grande guerre, fils du vieux médecin, était aussi la fille adoptive de ce dernier, car, restée orpheline à cinq ans, la petite Berthe Le Roy, enfant de cousins éloignés, avait été recueillie et élevée par le docteur et sa femme qui lui vouèrent une profonde affection, et furent heureux plus tard lorsque leur fils, Pierre-Marc, désira l’épouser.