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LA HURONNE

mains en partie coupés… Je la regarde en les lui montrant, elle me dit d’un ton triste : « Papoose… papoose… » et compte sur ses doigts meurtris jusqu’au nombre six… Je lui dis à mon tour : « Vous avez perdu six papooses ? » Elle comprend et montre sur ses doigts, six phalanges parties !

— Je ne connaissais pas cette coutume, dit Jim Gray. Il y a d’ailleurs tant de rites étranges chez ces peuples, par exemple leur épreuve de bravoure…

— Qu’est-ce que cela ? dit Marc.

— Chez cette race de Peaux-Rouges, dit Jim, la bravoure chez les hommes est très en honneur ; mais pour qu’un guerrier compte parmi les braves, il a une terrible épreuve à subir… Devant la tribu assemblée le jeune guerrier apparaît nu jusqu’à la ceinture. Il est amené devant le Grand Chef qui lui demande s’il sait endurer la douleur. Sur sa réponse affirmative, deux guerriers s’approchent de lui ; l’un lui fait deux entailles à la poitrine avec son tomahawk, l’autre y enfonce un morceau de bois d’environ deux pieds de longueur ; traversant les chairs, ce bois ressort des deux côtés de la poitrine, puis on le suspend par les deux bouts de ce bois aux branches d’un arbre juste à la hauteur où le bout de ses pieds seulement touchera la terre… et sans se plaindre, il doit endurer tout ça en chantant et en riant et danser sur le bout des pieds jusqu’à ce que le bois casse ou que les chairs se déchirent ! Alors il est acclamé ! C’est un brave ! On panse ses blessures, il a conquis son rang parmi les guerriers !