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LA HURONNE

Ce fut un temps heureux pour Marc. Il ne connaissait pas cette vie des champs… Son enfance s’était écoulée à Brest et il ne se souvenait pas d’être allé à la campagne, sauf en passant, pour quelques jours tout au plus. Ce riant pays ne gardait plus de traces de la terrible dévastation de la fin du dix-septième siècle… Schenectady, avec son ciel ensoleillé, sa rivière aux eaux limpides, ses forêts immenses et sa belle végétation, devint pour le jeune citadin un enchantement. Il avait aimé la mer, mais il ne la regrettait pas et la vie de la ferme lui était plus douce que la vie du bord. Dans ses longues journées au grand air, travaillant gaiement auprès de Martin ou du vieux John, il oubliait qu’il était prisonnier, il le sentait si peu !

Le bébé s’appelait Rose, et avait maintenant huit mois. Marc savait toujours l’amuser et la consoler. Pour elle, il faisait la pirouette, marchait sur ses mains, inventait mille riens pour la faire rire et petite Rosie le regardait avec ses grands yeux bleus comme des myosotis, cessait de pleurer et enfin se mettait à rire et à balbutier…

Mistress Gray recevait souvent des nouvelles de son mari, mais il ne parlait pas de revenir en permission, sauf dans le cas où la paix serait déclarée, alors le sergent laisserait l’armée et resterait à la ferme.

La jeune femme soupirait, mais reprenait bravement sa besogne…