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LA HURONNE

Je ne répondis pas et feignis de dormir… Lebrun retourna à son lit de camp, s’enveloppa dans une couverte et ne bougea plus… Au matin, il fallut réveiller le lieutenant et Pontet qui dormaient profondément…

— C’est étrange, me dit ton père, j’ai la tête lourde, comme si j’avais fait la fête !

— Moi, de même, mon lieutenant, fit Pontet.

— C’est le manque d’air dans la tente, dit Lebrun, les marins ne sont pas faits pour camper !

Tu sais le reste, mon fiston, comment ton père ne put s’acquitter de sa mission et fut accusé de trahison !… Cependant, faute de preuves, le Conseil de Guerre ne put le condamner à mort, mais il fut déchu de son grade… et je sais qu’il en mourut, pauvre lieutenant !…

— Mais qui donc avait fait le coup ?

— Ah ! J’arrive à la chose ! Après le retour à bord, quand je sus ce qui se passait pour ton père, je soupçonnai Lebrun d’avoir été traître… Je résolus de lui parler, un soir qu’il était seul sur le pont et m’approchant, je lui dis :

— Je sais ce que vous avez fait dans la nuit du trente mai !

— Qu’est-ce que tu veux dire, Le Bourru ?

— Vous avez volé, dans la tente, les papiers du lieutenant ! Alors il se retourne, blanc de colère, et saisissant une masse à portée de sa main, il m’en