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LA HURONNE

des mains ennemies et on accusa ton père de trahison !… Il ne put jamais prouver son innocence, perdit ses titres de distinction dans la marine, et son grade d’officier… Il revint ici malade et découragé et mourut peu de mois après… sa famille et la mienne nous ont depuis lors complètement abandonnés !

— Mais, qui donc, maman, avait volé ces papiers ?

— Ton père n’a jamais eu de preuves, mais il a toujours soupçonné la vengeance d’un sous-officier nommé Cabot qui lui en voulait de son prompt avancement dans la marine !

— Est-ce que Cabot l’accompagnait pour la mission ?

— Non, mais il a pu en payer d’autres pour voler les documents ! Ton père avait un culte pour l’honneur de son nom et il m’a dit avant de mourir : « Quand Marc sera plus grand, tu lui raconteras les choses et tu lui diras que je lui confie une mission sacrée : puisque la mort m’empêche de le faire moi-même, ce sera à lui de relever le nom de Granville de l’injuste disgrâce qui pèse sur lui et de lui faire reprendre sa place parmi les noms honorables de France. Dis-lui que son père a toujours fait son devoir d’honnête homme et de loyal Français !

La malade pleurait en redisant à son fils les paroles du père ; mais l’enfant essaya de la consoler :

— Ne pleure pas, petite maman. Je vais grandir vite ! Quand je serai un homme, tu verras, je trouverai bien le coupable !