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LA HURONNE

France, port de mer bien connu, (Brest), un gamin de treize ans errait par les rues. Sa figure dénotait un sérieux précoce et dans ses yeux noirs et profonds une lueur de tristesse donnait à sa physionomie d’adolescent un air plus vieux que son âge. Il s’appelait Marc-Henri Granville et depuis trois jours il était complètement orphelin.

Marc était le fils d’un officier de marine. Il se rappelait, lorsqu’il était plus petit, les départs nombreux de son père, puis les retours qui remplissaient la maison de joie, sa mère, jolie et souriante et le bel officier qui la prenait dans ses bras, tandis que lui enfant, réclamait bien vite sa part de caresses qu’on lui donnait avec usure. Puis, un de ces retours fut triste et grave. Marc, ne savait pourquoi. Trop petit pour comprendre, il se réjouissait, tout en s’étonnant, que son père ne s’éloignât plus, mais son intelligence d’enfant précoce voyait bien que la gaieté était absente de la maison… Puis, la santé de son père inspira des inquiétudes… bientôt le médecin fut appelé… un jour le petit Marc vit entrer un prêtre qui resta seul auprès du malade… puis, sa mère en larmes l’avait amené au chevet de son père qui l’avait embrassé avec une tendresse extrême et lui avait dit : « Marc, mon enfant, aie soin de ta mère et souviens-toi que ton père a toujours fait son devoir ! » Puis, on l’avait emmené et ses sept ans n’avaient pas été témoins des dernières tristes heures.

Il avait donc grandi auprès de sa mère veuve ; il ne se rappelait plus d’avoir vécu dans l’aisance, car