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DÉVOUEMENT DE FLEUR-DES-BOIS

— Père, au secours ! cria-t-elle d’une voix affaiblie. Je me précipitai et j’arrivai juste à temps pour l’empêcher de se jeter en bas d’un ravin !

— Attention, pauvre enfant, m’écriai-je, vous avez failli vous tuer ! Ne voyiez-vous pas le ravin à vos pieds ?

— Père ! je ne vois plus rien ! s’écria-t-elle. Je vous ai reconnu à votre voix !

Alors seulement, je compris la terrible chose ! Je regardai ses yeux… ils étaient ouverts, mais sans regard. Je vis qu’elle tenait dans son bras quelque chose de noir et dans sa main je reconnus la minuscule statuette de la sainte Vierge que je lui avais donnée…

— Qu’est-il arrivé, pauvre enfant ? dis-je, votre grand-père…

— Grand-père est mort… je suis toute seule !… et la pauvre Indienne s’affaissa à mes pieds, épuisée sans doute par tout ce qu’elle avait souffert…

Je la ranimai de mon mieux, puis je lui dis de m’attendre et j’allai chercher du secours… lorsque je revins avec deux Indiens une heure plus tard, elle avait toute sa connaissance, mais hélas !… elle restait aveugle…

— Voulez-vous, pauvre enfant, lui-dis-je, que je vous amène à Québec, chez les bonnes Sœurs ?

— Oh ! oui, répondit-elle faiblement mais avec conviction.

Je ne vous parlerai pas, mon jeune ami, de ce long voyage, la pauvre aveugle parlant à peine et tenant toujours avec une crainte fébrile le petit coffret noir