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LE PARI

Marc ne répondit pas, mais regarda la croix de guerre suspendue au-dessus de la cheminée… il se leva et vint embrasser sa mère :

— Tu as raison, maman, dit-il. Je me le rappellerai toujours !

Au-dessus du pupitre du docteur Granville était placée une petite aquarelle aux couleurs un peu effacées, représentant une jeune indienne aux longs cheveux noirs tressés en deux nattes ; une bande multicolore lui encerclait le front et la tête et deux plumes rouges et droites, placées un peu de côté, complétaient sa coiffure, sa tunique frangée dépassait un peu les genoux, ses jambes étaient nues et ses pieds bruns foulaient un sol brûlé et dévasté ; ses bras nerveux se resserraient sur un petit coffret noir de forme rectangulaire.

Ses yeux foncés avaient un éclat étrange qui persistait malgré les années… car la petite aquarelle était déjà très vieille… au bas on y lisait : Ginofenn 1756.

Marc avait souvent demandé ce que représentait ce petit tableau que son grand-père affectionnait tant ; ce dernier lui avait dit :

— C’est une jeune Huronne ; un jour, je te raconterai son histoire…, lorsque je te jugerai assez sérieux pour l’apprécier !

Et Marc dut se contenter de cette promesse, sachant que lorsque grand-père avait décidé quelque chose, il n’y avait plus qu’à faire comme il le voulait !

À l’été, Gabrielle revint de son couvent, grande et déjà très jolie. Elle avait quinze ans. Blonde et