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MONTCALM ET LA VICTOIRE

jamais ! La bataille fut terrible ! L’ennemi, supérieur en nombre, attaquait avec courage et persistance… À certains moments, le feu était d’une vivacité extrême… Marc, grisé par le combat, oublia toute prudence et fit des prodiges de valeur… deux fois des balles ennemies trouèrent ses vêtements… mais loin d’être effrayé il n’en devint que plus ardent, oubliant tout dans l’ivresse de la bataille…

Lorsque la victoire fut certaine, l’on éleva le glorieux drapeau tandis que des cris frénétiques de « Vive le Roi » remplissaient l’espace et Montcalm passant dans les rangs félicita ses hommes. Lorsqu’il reconnut Marc, il lui dit :

— Je vous ai remarqué, mon brave ! Vos seize ans n’ont pas eu peur du feu !

Marc salua, fier et joyeux, savourant la griserie de sa première victoire…

Le champ de bataille était jonché de morts et de blessés… Français et Anglais gisaient sur le sol, obscurs héros, victimes de leur devoir…

Marc fut l’un de ceux qui furent chargés de parcourir ce champ rougi et d’enlever les blessés pour les ramener au fort.

Comme il passait près d’une clairière, il vit un officier anglais, gisant inanimé sur la terre ensanglantée. Il s’approcha pour voir si cet homme respirait encore… Il le vit bouger et sa figure se détacha bien visible dans le crépuscule naissant… Marc le regarda, scrutant ses souvenirs… où donc avait-il vu ces traits ?… Soudain le blessé appela : « Harold ! Harold ! My boy !»