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LA HURONNE

— Nous sommes contents de l’avoir, dit-il, et je n’ai pas hâte de voir l’année finie !

— Tant mieux, tant mieux ! fit l’abbé. Pauvre gosse ! Pas parfait, mais courageux et si honnête !

— Pour ça oui ! Et pas plaignard ! Pourtant, nous sentons bien, et ça se voit, il n’a pas été élevé durement comme nous ! dit Pierre.

— C’est vrai, dit le missionnaire, mais il a cependant été à dure école… il a été mousse, il a été deux fois blessé, il a été prisonnier, il a perdu dans l’explosion du Fort Bull ses seuls souvenirs et un document précieux… avec cela deux fois, depuis deux ans, il a été aux portes de la mort… si l’on ajoute maintenant qu’il est loin de son pays et sans aucun parent pour le protéger… je crois que tout cela constitue une histoire presque trop remarquable pour un adolescent !

— Pauvre gars ! dit le colon, il en a eu des aventures ! C’est égal, sa gaieté commence à revenir et je l’entends souvent chanter et siffler pendant son travail !

En effet, Marc était redevenu lui-même. Il était plein d’audace, plein de tours. Les enfants, qui maintenant l’aimaient bien, jouaient volontiers avec ce grand camarade qui savait si bien les amuser. Durant les longues soirées d’hiver, il leur racontait des histoires merveilleuses au sujet de sa vie en mer, et les bambins l’écoutaient avec délices…

L’unique pièce qui formait la maison rendait inévitable la vie en commun… Marc en avait souffert, au début, puis, il en avait pris son parti avec cette facilité de s’accommoder aux circonstances qui le caractérisait.