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XVI

VERS LE FORT CARILLON



MARC passa deux ans chez le brave Pierre Phaneuf. Au début, il trouvait la vie très dure… Le lever si matinal, la nourriture solide mais grossière, le rude travail de la ferme, la chaleur torride de certains jours, les piqûres des moustiques, enfin toutes ces misères qui, avec l’habitude, deviennent très endurables, rendirent les trois premières semaines bien difficiles à supporter.

Pierre, le voyant soucieux et un peu triste, l’encourageait de ses paroles vaillantes et gaies.

— Courage, mon gars, lui disait-il, un jour. C’est rude pour commencer, mais vois, tu es déjà mieux que ces jours derniers… tu es plus vigoureux… tu sens moins les mouches…

— Pierre, je crois que c’est parce que ma peau commence à brunir ! Il y avait des mouches à Schenectady… quand je devenais hâlé par le soleil, je les sentais beaucoup moins !

— Tu nous es venu avec une peau blanche comme un fantôme ! dit Pierre en riant.

— Je relevais d’une grave maladie.

— Oui, je sais, l’abbé m’a raconté ton histoire… Pauvre gosse, tu as passé par bien des mauvais jours ! Quel curieux nom que celui du pays où tu étais prisonnier !

— Schenectady ?