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LA HURONNE

— Et si tu te tues ?…

Marc regarda sa mère dont les yeux gris étaient pleins de larmes.

— Tu sais bien, maman, dit-il que je ne puis me tuer… d’ailleurs, c’est loin dix-huit ans, et je ne puis pas faire d’aviation avant ça… du moins comme profession !

— Et pour gagner les moyens de faire de l’aviation, dit le docteur, que comptes-tu faire ?

— Entrer chez un courtier… spéculer ! Tiens, je sais comment ça se fait. Tu connais Paul Robert, mon camarade, qui est venu me voir l’autre jour ? Eh bien ! il avait une belle toupie neuve. Comme c’est l’hiver, il n’en voulait pas. Je la lui ai achetée pour dix sous. Au printemps, il en voudra sûrement une… je la lui revendrai vingt cinq sous !

— Tu trouves cela bien de profiter du besoin d’argent de ton ami pour lui faire du tort ?

— Ça ne lui fait pas tort ! Il voulait dix sous et il n’avait que faire de la toupie !

— Mais pourquoi ne pas lui revendre au printemps pour les mêmes dix sous ?

— Tiens ! Je ne suis pas assez gogo pour ça ! Je sais spéculer !

— Moi, j’appelle ça être vilain, dit sa mère, ton père n’aurait pas voulu faire ça !

— Aussi il est mort pauvre, tu me l’as dit, maman !

— Mais sa mémoire est riche en honneur ! C’est un bel héritage qu’il t’a légué !