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LA HURONNE

deux mains… puis il regarda l’abbé, qui s’était assis auprès de lui et s’écria :

— Plus rien ! Je n’ai plus rien pour montrer qui je suis… plus rien pour venger l’injuste offense faite à mon père… plus personne qui ait vu ce que contenait mon coffret… plus rien, hélas ! Plus rien ! acheva-t-il dans un sanglot.

— Pauvre enfant ! dit l’abbé, il ne faut pas te désespérer ! Il faut réagir… Montrer que tu es un brave et travailler à devenir un citoyen honorable et utile… prouver que le fils de ton père est un vaillant et que son nom est digne de respect.

— Mais que puis-je faire ? dit Marc, m’engager encore comme mousse ?

— Non, Marc, je ne te le conseille pas.

— Alors, que faire ?… Je n’ai pas d’argent !

— Si ce n’était la guerre, je saurais bien où te placer… mais les temps sont si durs…

— Dois-je essayer de retourner en France ? Je désirais tant y retourner… mais maintenant que je n’ai plus le précieux papier… Marc ne put achever… du revers de sa manche, il essuya les larmes qui tombaient malgré lui…

Le bon abbé l’entoura paternellement de son bras :

— Marc, mon petit, écoute-moi… Je voudrais bien pouvoir te garder auprès de moi, mais ma vie de missionnaire ne me le permet pas. Le pays est en guerre, alors il est difficile de trouver assez de bras pour travailler la terre… Pourquoi ne resterais-tu pas au Canada pour un an ou deux et pendant ce temps, t’engager dans une ferme ?