XIV
LA MORT DU CHAMOIS
ORSQUE Ginofenn, après une nuit d’insomnie et
des heures d’une torturante inquiétude, avait
vu revenir son grand-père sur un brancard, porté
par deux indiens, elle avait eu la conviction que c’était
fini… En effet. Le Chamois revint à lui pour quelques
instants, reconnut sa petite-fille et voulut lui
parler… mais il ne put articuler une seule parole…
alors, levant la main dans un geste de bénédiction,
il la posa sur la tête de la jeune fille à genoux près
de lui et la regarda avec une tendresse indicible…
puis sa main retomba inerte… ses yeux devinrent
fixes… L’âme du vieux Chamois avait rejoint celle
des ancêtres dont il était si fier…
Refoulant ses larmes, Ginofenn questionna les deux Iroquois. Ils lui dirent que le Chamois avait été blessé lors de la plus forte explosion, qu’on l’avait trouvé dans une grotte à demi écroulée non loin du fort et qu’un jeune garçon avait été trouvé auprès de lui, blessé et sans connaissance… Le Commandant du détachement français l’avait fait transporter au camp… ils n’en savaient pas plus !
— Ne sait-on pas qui il est ? demanda la jeune fille.
— Non. On dit que c’est un petit Anglais…
Ginofenn réfléchit pour un instant… Marc n’avait donc pas eu le temps de recouvrer son coffret, puis-