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LA CACHE AUX CANOTS

a cru que c’était un badinage… mais j’ai bien vu…

Le manchot partit dans la direction indiquée ; il marchait à grand pas, mais sans bruit ; au bout de quelques instants, il s’arrêta pour écouter… aucun son ne lui arrivait ! Il n’y avait plus de feuilles aux arbres et, malgré l’épaisseur des sapins et des épinettes, l’on voyait assez loin autour de soi ; scrutant le bois de son regard perçant, il se remit à marcher… soudain, il aperçut par terre parmi les feuilles mortes, une petite flèche de bois blanc… il s’en empara et continua dans la même direction ; au détour du sentier, une autre flèche… puis, plus rien, aucun indice pour guider le chercheur, nul bruit de voix… mais oui, pourtant, voici qu’il entend un murmure confus… il s’écrase sur le sol et s’avance en rampant, attentif, silencieux… de l’autre côté d’un massif de sapins, une petite flèche tournoie dans l’air et retombe… le manchot retient son souffle, se rapproche avec précaution… il entend la voix de Jeannot, il parle en langue indienne :

— Lâche-moi, sale méchant ! Je ne veux pas m’en aller avec toi !

Puis, une voix dure qui répond :

— Je t’emmène, inutile de te débattre, vermine, il t’en cuira davantage. Et regarde bien ce tomahawk, si tu cries, je m’en servirai pour te couper les deux mains ! Tais-toi et marche, sinon…