— Je le crois ; en tous cas, s’ils ne viennent pas absolument en même temps, ils arriveront peu de temps après les autres ; l’expédition sera sous les ordres du capitaine Dupuis[1] ; je pense qu’il viendra avec une nombreuse escorte.
— Par où arriveront-ils ?
— Par le pays des Onontagués, probablement ; ils passeront sans doute par le bourg voisin…
Le manchot branla la tête :
— Amiscou n’a pas confiance… ils sont sournois et traîtres ces gens !
— Mais s’ils ont eux-mêmes demandé l’établissement, insista le chasseur.
— Hé ! Ne t’y fie pas, mon ami, et cache bien Jeannot s’ils viennent de ton côté !
— Ils ne sont jamais passés ici depuis que j’y demeure, je ne suis sur la route d’aucun bourg, fit le Français ; ils ne me connaissent pas.
— Tant mieux ! dit l’Indien d’une voix sourde et dure. Ah les démons ! Vils, jaloux, traîtres, dangereux et funestes ! Combien je les hais, ces ennemis de ma nation !
Puis, changeant de ton :
— Mais j’aime bien les Visages-Pâles, et je suis content qu’ils viennent dans ces parages… Grand-Castor sera toujours leur ami !
- ↑ Garneau. Histoire du Canada