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bon cœur, avait saisi la grande main cuivrée du manchot et s’était écrié :

— Oh ! les méchants ! Pauvre Amiscou, comme tu as dû souffrir !

Cet élan spontané avait ému le solitaire, lui que les enfants fuyaient toujours, et dès ce moment une grande affection s’établit entre lui et le jeune fils de Jean Brisot. Presque chaque jour, le Castor revenait à la maisonnette et il avait toujours quelque cadeau pour plaire au petit : c’était un arc et un carquois de flèches, une lance de bois, une hache inoffensive passée dans une petite ceinture de jonc, ou d’écorce, de jolis coquillages qu’il allait chercher sur les bords du lac Salé… enfin, toujours, il s’évertuait à faire plaisir à Jeannot.

Le chasseur, touché de cet attachement de l’Indien pour son fils, conçut bientôt pour ce Huron une amitié véritable et qui ne fit que s’accroître à mesure qu’il faisait plus ample connaissance avec ce sauvage nomade, qui semblait vouloir enfin se fixer auprès de ses nouveaux amis.

Un soir d’hiver, le Castor, sur les instances de Jeannot, avait consenti à passer la nuit à la maisonnette, à cause de la tempête qui faisait rage ; les deux hommes restèrent longtemps à causer auprès du feu et, tout en fumant leurs calumets de plâtre, l’Indien demanda :

— Pourquoi es-tu dans ce pays, toi, mon ami ? Et surtout, pourquoi restes-tu si loin